A84, « l’autoroute des estuaires » : un chantier routier plus sobre

La décarbonation de la mobilité routière passe également par des chantiers routiers plus économes en énergie et en ressources. C’est un enjeu clairement partagé par les maîtres d’ouvrages et les entreprises, mais ses modalités de mise en œuvre questionnent encore beaucoup.

La DIR Nord Ouest devait mener un chantier lourd de réparation d’une section de 28 km de l’autoroute A84, entre Caen et Rennes, au niveau de Villers-Bocage. L’A84 a initialement été construite dans ce secteur avec le principe d’une structure inverse. (inversion de la couche de grave non traitée avec la couche traitée au liant hydraulique par rapport à une structure mixte classique afin d’éviter les remontées de fissures en surface dues au retrait du liant hydraulique)

Au vu des dégradations de chaussée constatées, la DIR Nord Ouest a fait confirmer que la structure initiale était sous-dimensionnée face au Trafic réellement supporté par l’A84. Il a été retenu une solution de réparation en remplaçant la structure inverse par une structure bitumineuse classique. C’est un chantier d’ampleur : 14 millions d’euros, 35 km de chaussée, 70 000 m3 de matériaux extraits puis remployés et 180 000 t d’enrobés posés.

La DIR Nord Ouest a souhaité profiter de ce chantier important pour mettre en œuvre des modalités permettant de limiter fortement son impact environnemental et de viser finalement une plus grande sobriété. Deux leviers ont ainsi été activés :
- le recyclage des matériaux en place, avec notamment l’opportunité de réutilisation de la grave non traitée de la structure inverse ;
- le recours à une centrale proche du chantier pour limiter les transports en camions et les distances parcourues (et donc les émissions de gaz à effet de serre).

Les résultats sont là :
- réemploi de 100 % des granulats issus de la couche de Graves non traités (GNT) et de 85 % des enrobés issus du rabotage de la chaussée en place ;
- reconditionnement à proximité du chantier (8 km) ;
- une centrale mobile avec de réels efforts pour limiter ses impacts : récupération des eaux, filtre anti-odeurs, vérification des rejets des eaux pluviales de ruissellement, occupation limitée à la durée du chantier et une phase de dépollution après chantier pour que le site soit remis en état.
- au final, la structure bitumineuse posée est à 87 % constituée soit de granulats recyclés soit d’agrégats d’enrobés recyclés ; les matériaux neufs ne représentent donc plus que 13 % de l’apport.

| Le comité de direction visite le chantier

Certes, malgré ces efforts, un tel chantier routier est encore loin d’être décarboné et il reste des nuisances. Déjà parce qu’il utilise du bitume, mais dont il faut rappeler ici qu’il s’agit bien d’un sous-produit du raffinage et non un produit. Avec les entreprises de travaux publics, nous allons identifier dans les prochains mois et prochaines années les pistes d’amélioration, pour viser toujours plus de décarbonation : introduction d’un éco-comparateur dans l’analyse des offres, énergie des camions, efficacité énergétique de la centrale à enrobés, réduction des nuisances des centrales, source des granulats non issus de recyclage sur place, température des enrobés, introduction de liant diminuant le recours au bitume, etc.

Tous nos remerciements à la DGITM qui a soutenu financièrement ce projet et à l’entreprise LE FOLL, Groupe Spie Batignolles, notre partenaire sur ce projet.

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